Peggy est enseignante de technologie au collège depuis une vingtaine d’années dans le Dunkerquois. Adepte des initiatives BGE et notamment de l’action J’entreprends* qu’elle expérimente en classe de 4e, son enthousiasme est tel que nous avons senti qu’il pourrait bien devenir contagieux…
Pourquoi privilégies-tu les projets BGE au niveau 4e ?
La classe de 4e est souvent une transition importante. Je remarque que beaucoup de choses deviennent plus compliquées à cette période pour certains élèves, j’utilise l’action BGE pour les raccrocher. C’est aussi un moyen de les préparer à l’oral du brevet et, de façon plus générale, de les aider à oser prendre la parole.
Le profil d’élèves que je prends à chaque fois, avec l’aval de mes chefs et de l’équipe pédagogique, c’est donc soit des élèves qu’on espère raccrocher au système, soit des élèves qui peuvent avoir d’excellents résultats mais sont très effacés à l’oral.
Quelles qualités et compétences développent tes élèves au cours du projet ?
Grâce à cette démarche, ils sont amenés à développer leur autonomie, leur esprit d’initiative et à apprendre à travailler en équipe. En fait, on les prépare au monde de demain. L’équipe BGE et moi-même les encourageons à se questionner, à être acteurs de leur projet. On les oriente un peu sans jamais leur dire que c’est cette décision-là qu’ils doivent prendre. Ce sont eux finalement qui essaient de nous convaincre que leurs choix sont les bons.
La première étape du projet J’entreprends consiste justement à pousser les élèves à mieux se connaître. On leur donne un document sur lequel ils doivent se décrire afin qu’une idée puisse se dégager de leur personnalité. Ils ne vont avoir aucun mal à se trouver une multitude de défauts mais resteront succincts pour les côtés positifs. Je leur dis dans ce cas de poser la question à leurs camarades, qui vont mettre en avant des qualités auxquelles l’élève n’aurait pas songé. Je n’hésite pas à apporter mon grain de sel, en disant par exemple :
– Tu sais, moi de ce que je vois tu es quelqu’un de rigoureux.
Et finalement, ils pensent Wahou, c’est vrai que j’ai des qualités !
Ils vont aussi développer des compétences en français, en mathématiques et même des connaissances numériques sans s’en rendre compte, de façon intuitive.
Si je devais dessiner un nuage de mots pour représenter l’action J’entreprends de BGE, je choisirais :
- Autonomie
- Initiative
- Responsabilisation
- Partage
- Échange
- Créativité
- Motivation
- Oralité
As-tu pu observer des changements chez certains de tes élèves ?
J’ai tout le temps de très belles surprises. Je pense à un groupe de trois élèves de cette année. Deux d’entre eux avaient peur de prendre la parole et le troisième avait besoin qu’on donne du sens à sa scolarité. Maintenant ce sont des élèves qui ont une aisance incroyable à l’oral. C’est une transformation, ils se sentent pousser des ailes. C’est la preuve qu’un élève peut rencontrer des difficultés scolaires mais avoir un esprit créatif qui fourmille d’idées et une envie de bien faire.
Ce qui est aussi important, c’est que je ne suis pas la seule à observer ces changements. Les projets BGE rayonnent au sein du collège, les différents professeurs principaux et collègues avec qui je discute se rendent compte à chaque fois des bienfaits de l’action. Ils retrouvent des élèves qui ont confiance en eux et qui participent plus aisément à d’autres projets en 3e.
Les projets BGE rayonnent également dans les familles, qui s’impliquent et portent un autre regard sur leur enfant. Certains parents, qui pensaient plus ou moins que rien n’intéressait leur enfant, réalisent que celui-ci excelle dans ce genre de projet. C’est très positif pour la confiance de l’élève.
As-tu un exemple de projet d’élèves à nous partager ?
Cette année tous les projets étaient super originaux ! Ceux qui ont gagné ont imaginé une friterie de légumes appelée « La frite colorée ». La maman de l’un des élèves tient une friterie et ils s’en sont inspirés, en adaptant le concept à leur époque. Nous menons beaucoup d’actions sur le « bien manger », cela faisait plaisir de voir que notre message avait été entendu. Après être allés jusqu’à réaliser leurs flyers et même leurs cornets de frites, les élèves m’ont demandé : « Mais madame, est-ce qu’on va pouvoir la créer notre friterie ? ». Je leur ai répondu que bien sûr, pourquoi pas, ils pouvaient garder leur projet sous le coude.
Comment juges-tu l’implication nécessaire de la part de l’enseignant ?
Nous avons choisi de conduire le projet sur une semaine complète. C’est super intense, mais au moins on sait quand cela commence et quand cela finit. Au niveau des enseignants, cela demande effectivement beaucoup de travail. Mais lorsque l’on voit le résultat on se dit que cela en valait largement le coup. Il y a pour ma part toujours une émotion qui se dégage en fin de semaine. Les élèves nous remercient et nous aussi on a envie de les remercier, car quand on les voit aussi enthousiastes on ne peut que trouver ça beau.
*À propos de l’action J’entreprends
L’action « J’ENTREPRENDS » est un module de 21 heures qui peut se dérouler de manière consécutive ou non. Tout au long des animations, les élèves réalisent un support de présentation pour leur projet. En fin de parcours, ils le soumettent à un jury d’entrepreneurs et de professionnels.
[Rhttps://opte.education/action-bge/lycee/jentreprends/S1]+ lien vers page du site sur l’action